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Hispar Biafo (Pakistan), retour sur un voyage épique...2/2

Traversée du Népal - Suivez les retours du Yéti...
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Hispar Biafo (Pakistan), retour sur un voyage épique...2/2


Nous voici proche de la fin...
Toutes les bonnes choses doivent avoir une fin.
Quel est le crétin qui a inventé cette expression ? Sommes-nous assez maso pour estimer que parce qu'il y a une fin nous arrivons à appréhender les bonnes choses. Alors que sans fin ceci serait impossible.
Je n'y crois guère, c'est de la philosophie défaitiste, proche d'un certain nihilisme.
Quand le soleil se lève sur un paysage splendide, tous les matins, je vous assure qu'il ne me faut pas de longues journées de pluie pour en apprécier la beauté.

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Snow Lake, rien que pour moi, ou presque...

Je suis donc à Snow Lake, et je n'ai pas envie de bouger. Je traîne, rêvasse, regarde les tours de Solu. Ces masses de granit qui s'élancent vers le ciel, comme un appel aux grimpeurs du monde entier. Mais pour l'instant, elles sont là, semblant avoir traversé la glace dans un ultime effort pour s'extraire de cette gangue coruscante. Même si l'on n'est pas un grand fanatique de roche, elles ne laissent pas insensibles.
J'en suis là de mes réflexions lorsque tout le monde se met en marche (en glisse). Je suis derrière, à une encablure.
Le torticolis me guette, mon corps va dans une direction pendant que ma tête est toujours orientée vers ces masses lisses, où la glace est enfin en minorité...

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Arrêt face aux tours de Solu, avant de repartir le long du glacier du Biafo.
J'en profite pour sortir ma tondeuse. Je souhaite immortaliser la petitesse de l'Humain face à la grandeur de ces massifs du Karakorum.
Je me décale, poursuis mon chemin seul, en oubliant le groupe. Une impression de solitude jouissive. Un petit égoïsme d'avoir pour soi ce paysage hors du commun.
Je l'efface rapidement pour revenir à mon but premier, déployer l'engin et attendre le bon moment...
Voilà c'est fait, je trouve l'ensemble d'un esthétisme quasi irréel...j'espère faire rêver ceux qui n'ont pas la chance d'être ici. Je laisse donc de côté tous ceux qui ne sont pas sensibles à ce que j'ai devant les yeux. Cela n'a aucune importance, je contribue seulement à ma façon à la découverte d'un monde qui m'étonne tous les jours.

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Je récupère mes esprits, lorsque je me reconcentre sur le voyage. Il faut repartir et les laisser pour de bon. Un dernier coup d’œil et direction le camp.
Il n'est pas loin, juste avant une cassure que l'on découvrira le lendemain.
Le corridor rocheux dans lequel nous évoluons oriente notre vision. Mais au final tout se passe latéralement. Les sommets ne sont que des pointes acérées, l'érosion n'a pas encore eu le temps nécessaire pour faire son travail de sape. Seuls quelques glaciers sommitaux arrondissent l'ensemble pour lui donner un air moins austère.

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Mince, on passe par où, on est bloqué ;-)...

La journée passe à toute allure, peut-être plus contemplative que les autres, mais ô combien magnifique. A nouveau, tout ranger et partir vers cette rupture de terrain. Rien de bien important, juste une belle pente où l'on va pouvoir glisser sans entrave.
Nous enlevons nos peaux de phoque (synthétiques, bien évidemment ;-) pour les ranger DÉFINITIVEMENT...
Chacun choisit son axe et se laisse griser par la vitesse. Il ne reste plus qu'à utiliser le poids de la pulka pour tracer le plus droit possible.
Pour une fois, j'ai l'impression d’être un point fixe. C'est le paysage qui semble se déplacer. Les vallées glaciaires latérales s'enchaînent les unes aux autres jusqu'au moment où le glacier reprend sa faible déclivité.

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Glisser seul au monde...

Il est temps de pousser sur les bras et d'entamer le pas du patineur. Un groupe de manchots tirant un traîneau se déplace gauchement sur la glace. Un spectacle burlesque que j'imagine vu d'en haut par les rares oiseaux que nous commençons à rencontrer...
Nouveau camp sur une neige qui se fait plus rare, la glace reprend ses droits. La blancheur immaculée laisse doucement place à de nombreux résidus de l'érosion rocheuse. Les bédières se mettent en eau, la roche se fait plus présente et les blocs enchâssés se font plus nombreux.

Rive gauche, l'Ogre (Baintha Brakk, 7285m) nous jauge de toute sa hauteur. Les Latok (7145m) semblent en faire autant, en se cachant derrière une première rangée de sommets. Seul le Lukpilla Brakk semble plus humain avec ses presque 5400m...
Un camp parfait pour profiter pleinement des dernières nuits sur le Biafo.

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Dernier jour de glace...
Le glacier touche à sa fin, il va donc falloir se faire à l'idée.
Le départ est donné, mais la progression se fait plus lente. La glace hérissée d'une fine pellicule  craquante n'aide pas à la progression. L'eau est gelée, mais pour combien de temps.
De petits dépôts bleus sur la roche prisonnière de la glace sont autant de repères que je suis. Les pulkas payent un petit tribu au glacier.
Les premières crevasses apparaissent, peu larges mais profondes, elles entravent régulièrement les pulkas qu'il faut commencer à aider pour avancer plus loin.
La glace se fait par endroit plus noire que blanche. Les cailloux se transforment en roche avant d’atteindre la taille de rocher. Il faut se rendre à l'évidence, il n'est plus possible de progresser en glissant.
Nous devons porter l'ensemble que nous traînons vers un lieu plat pour y poser notre camp, le dernier. Nous coupons une dernière bédière et chacun s'attelle à dégager une plateforme la plus adéquate pour la tente. Le terrain n'est plus plat, nous ne sommes pas tous sur le même niveau. Un petit village semble s'organiser pour une dernière nuit...
Le temps est maussade, le glacier n'est plus du tout blanc, une atmosphère de fin du monde qui donne une ambiance surréaliste, que j'avoue apprécier...

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Quitter le glacier...
Quelques porteurs font leur apparition. Ils campent non loin de là, à 1h30 nous dit Hassan. Mais il faut se méfier de la vitesse de déplacement de nos amis d'Askole, ils sont d’une rapidité déconcertante...
C'est avec enthousiasme que je retrouve des visages connus, après trois passages dans cette région. Un bonjour communicatif et nous devons tout ranger pour la dernière fois.
Hommes et animaux de bât se mettent en marche, direction la vallée principale et le village d'Askole.
La glace disparait peu à peu sous des amas rocheux. Le déplacement se fait plus tortueux et se complexifie. Nous suivons Hassan qui suit un itinéraire qu'il semble être seul à connaître. Quelques cairns salvateurs nous réorientent de temps à autre sur un terrain qui a perdu tout de sa platitude...
Nous quittons définitivement le glacier de Biafo pour prendre pied sa rive droite, très escarpée, du glacier. Il ne faut pas traîner, les parois au-dessus de nous sont tout sauf stables. Un thé, un bout de pain partagés, encore un effort et l'on plonge dans le haut de la vallée de Shigar.

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Les premiers villages sont visibles, il ne reste plus qu'à "lâcher les chevaux" sur un large sentier et rejoindre Askole.
Karim notre cuisinier nous attend avec ses petits plats de cuisine locale agrémentés de frites et de coca. C'est bon d'être un peu transgressif de temps en temps, et de se vautrer dans la malbouffe le temps d'une pause temporelle...

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L'Indus au niveau de Skardu...


Quelques images de groupe et l'on débute notre lente migration vers Islamabad...
Le temps est toujours incertain, c'est donc en véhicule que l'on va rejoindre la capitale du Pakistan et son million d'habitants.
Deux jours de bus contre 45 minutes de vol...
Bien entendu, nous avons la possibilité de découvrir la vallée qui nous propulsera vers la KKH (Karakoram Highway), puis la KKH elle-même. Les villages couverts de verdure dans ce désert minéral laissent une empreinte indélébile dans nos esprits. Mais c'est les fesses tannées que l'on rejoint Islamabad.
L’enthousiasme des premières heures s'étiole un peu avant de rejoindre notre chambre...

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Je ne veux entendre personne, OK les cocottes...

Encore un jour dans ce pays attachant et retour dans nos pénates respectifs.
Fin de ce dernier périple au Pakistan. Vivement le prochain.

Une question me vient à l'esprit, vous venez quand ?

Laurent
 
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2 items   page 1/1
 
Rémi 5 juillet 2018
Salut mon gros
C'est tout beau ce que tu écris. Nous t'attendons fin juillet pour aller ramasser des myrtilles et manger une andouillette, il y aura fred, gé et qui sait...
Biz

Rép : merci Rémi, mais fin juillet je serai reparti au Népal. Il va donc falloir m'en garder un peu ;-)
Magali 18 juin 2018
Merci profondément pour l'ensemble de ce récit chargé d'émotions et de ressenti...

Rép : merci ;-)
   
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