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Sahelistan, Samuel Laurent

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Sahelistan, Samuel Laurent


Sahelistan, un mot inventé depuis peu pour créer un trait d'union avec d'autres zones ou pays en grande difficulté. Sa sonorité rappelle le Pakistan et l'Afghanistan (mais aussi Kazakhstan, Kirghizistan, Ouzbékistan, Turkménistan...), et c'est bien à ces pays que ce livre fait référence. Des pays où l'état est minoritaire et où les groupes ultra-religieux imposent à la population une vie archaïque, repliée sur elle-même, où l'avenir de la femme est proche de zéro !
Donc si je traduis le titre du livre, en utilisant l'Ourdou, stân veut dire « pays », soit Sahelistan = le pays du Sahel.
Samuel Laurent aurait tout aussi bien pu prendre comme titre Saharaïstan, car son étude se situe essentiellement au Sahara.

sahaliestan.samuel.laurent



Mais là n'est pas le centre d’intérêt de son contenu.
Le Sahara central est devenu une immense " zone grise ", comme à la grande époque des explorations, où l'on ne savait rien d'une région. De nos jours c'est la même chose, mais pour des raisons différentes.
Dans un récent article publié dans "La revue géopolitique online", Patrice Gourdin écrit: "Les réseaux mafieux et terroristes s’insèrent dans les relations d’affaires très anciennes, souvent assorties de liens familiaux, qui unissent les commerçants (de toute envergure) d’Afrique du Nord et d’Afrique de l’Ouest avec les tribus nomades." C'est bien là qu'est le problème actuel.
La Libye en est son centre de gravité. Ce pays, où la faillite de la "révolution" est évidente, est contrôlé par des brigades mafieuses qui tolèrent les bases arrière djihadistes (comme autour des lacs d'Oubari) et protègent les routes discrètes par où transitent armes, drogues, otages et combattants.

AQMI n'a pas disparu comme par enchantement suite à la guerre au Mali (tiens d'ailleurs on n'en parle plus) mais semble s'être repliée dans le Sud libyen qui est devenu un no man's land.

Samuel Laurent, au cours de son analyse, nous dévoile très clairement le défi actuel et quotidien quasiment insurmontable des populations locales, depuis l'intervention en Libye. Nous en paierons certainement le prix fort dans les années à venir. Car décider d'entrer en guerre sans rien y comprendre n'était pas vraiment la meilleure chose à faire.



Face à une population démunie, quatre mouvements ont combiné leurs forces : Ansar al-charia, AQMI, Ansar Eddine et MUJAO (Mouvement pour l'unité et le djihad en Afrique de l'Ouest) qui, sous couvert d'islamisation, contrôlent le trafic de cocaïne (entre autres, mais des armes aussi...) provenant d'Amérique latine via le golfe de Guinée. Il ne faut pas oublier que dans la structure même d’Al-Qaïda, il est demandé à chaque élément la composant d'être autonome financièrement et cela par tous les moyens possibles. La drogue est le moyen le plus facile...merci les consommateurs européens !

Il est parfois nécessaire d'avoir de belles chemises blanches, d'écrire des livres sans intérêt, d'entretenir son brushing pour passer à la télé ("notre ami BHL, pour le nommer"), mais ce n'est pas toujours suffisant pour pousser un pays à en renverser un autre avec l'aide d'un président assoiffé de vengeance.
Pas facile d'avaler le coup de la tente dans la résidence officielle de l’hôtel Marigny à Paris (rappelez-vous les image de Kadhafi à paris...).
Fallait-il intervenir ou pas en Libye, vaste débat, mais l'impact sur les populations n'a aucunement été anticipé et l'installation au pouvoir du CNT (Conseil National de Transition), me semble être une grosse mascarade, étant donné qu'ils sont tous des anciens de l'ère Kadhafi (qui ont senti le vent tourner, le lâchant au dernier moment).

La Libye est devenue une nation en lambeaux, disloquée, d'une grande fragilité, pleine de violence et de dangers, informations que l'on nous passe sous silence depuis des mois.



Dans ce livre, Samuel Laurent nous explique que le Sud libyen est :
  • une région contrôlée par la brigade islamiste 315, fondée par un Touareg malien lié par mariage à Mokhtar Belmokhtar, lui-même lié à Al-Qaïda, engagé dans le trafic de drogue et le transport de djihadistes
  •  une région où des stocks d’armes de l’ère Kadhafi sont entreposés dans des bunkers souterrains
  • une région hors de tout contrôle : « A Tripoli, tout le monde connaît l’existence de ces groupes terroristes implantés chez les Touaregs. Mais sans moyens militaires et sans véritable volonté politique, impossible d’intervenir ! Alors on enterre le dossier en faisant de son mieux pour que l’Occident reste à l’écart. »

Comme si cet état des lieux n'était pas suffisant, nous assistons aussi à une épuration ethnique de grande envergure, celle des Toubous. Leur seul défaut étant d'être noir et d'avoir été manipulés par Kadhafi...

Samuel Laurent conclut son livre :
« L’incompétence et la myopie de nos présidents successifs génèrent une cascade de mauvaises décisions dont la France et l’Afrique commencent tout juste à payer le prix ».



Je vous invite fortement à lire ce livre si le Sahara vous passionne, il n'est pas réjouissant, mais au moins on comprend un peu mieux l’imbroglio libyen.
Par contre je vous incite à ne pas acheter le livre d'autopromotion de BHL ("La guerre sans l’aimer", Grasset). S'il vous a été offert, peut-être peut-il trouver sa place dans votre compost, pour un éventuel recyclage.
Tant que j'y suis, une question me taraude : monsieur BHL, pourquoi vous n'allez pas régler les nouveaux problèmes du Sud libyen, les humains qui souffrent ont grand besoin de vous...
Je vois que je ne suis pas le seul à ne pas supporter BHL, un lien ICI.

Sahelistan, publié aux éditions du Seuil.

Bonne lecture.

Laurent

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2 items   page 1/1
 
Samuel Laurent 17 mars 2014
Merci à Tekenessi pour sa critique sur mon livre...
Dominique 3 février 2014
Bonjour Laurent, et bravo pour ton article, que je cautionne dans sa lucidité .
Je te rejoins dans cette analyse car j'ai aussi des infos sur le dessous de tout cela .
Tu as raison, tous ces magnifiques pays sont à ce jour , définitivement hors de nos expés !
Bonne année ...
Dom

Rép : merci Dominique, bon on repart quand ensemble ? ;-).
   
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