Makay, il est où ce bac ?

Difficile d'accès, le Makay peut aussi se révéler compliqué à quitter.
Cette année est une année record. Vous avez pu voir qu'il n'est pas aussi simple de traverser une rivière ensablée, mais lorsqu'il faut franchir le plus grand fleuve de Madagascar, le Mangoky, cela peut aussi tourner à l'Aventure.

En temps normal, il n'est pas très compliqué de quitter le village de Beronono (fin du trek de la traversée du Makay). Il suffit de rejoindre Beroroha et son bac afin d'effectuer le transfert vers Ranohira. Le tout en 4x4 sur une piste essentiellement empruntée par des charrettes à zébus.

Mais cette année tout est différent. Les tempêtes tropicales sont passées par là avec son lot de petits désagréments. Elle a emporté le bac. Il n'y a plus aucun moyen de faire traverser le Mangoky aux voitures à cet endroit.
Quelques mauvaises langues persistent à penser que tout cela est intentionnel, afin de permettre aux pirogues de travailler beaucoup plus. Peu importe la raison, il n'est plus là.
Ce bac était ancien, certes, géré par des mafieux, certes, mais bien utile.
Mafieux, oui, il fallait fournir l'essence et l'huile moteur tout en ayant déjà payé cette traversée.
Ancien, le moteur donnait souvent des signes de faiblesse, il aurait fallu le changer un jour ou l'autre.




Donc, plus de bac en ce début de saison. J'ai été soulagé de le savoir avant d'être dans le massif du Makay. Ainsi, j'ai pu réorganiser la fin du voyage en changeant le tracé, afin d'emprunter les chemins qui permettent de rejoindre au plus vite Beroroha. Soit 47km depuis Beronono, une balade me direz-vous...
De prime abord, cela nous semblait fastidieux, mais en réalité ce petit bout de voyage permet de découvrir les villages qui sont situés sur les contreforts du massif. Ils vivent principalement de l'élevage du zébu et la culture des rizières continuellement alimentées par le château d'eau que représente le Makay.
Sur ce nouveau parcours, nous avons pu comprendre un peu mieux ce qu'était une cérémonie du Bilo (à découvrir ICI).

C'est aussi une période où le riz a été récolté, une période plus calme dans la vie des Bara de cette région. Les hommes en profitent pour jouer avec ferveur aux dominos, à l'ombre des attaques du soleil.
Les jeunes femmes savourent cette pause pour se refaire une beauté, et consolider ce lien social si cher à la société malgache.






Au final, le trajet est plaisant, même s'il est effectué à cadence rapide. Christian en profite pour l'effectuer avec Madame, dans sa charrette à zébus. Le rythme est différent, ils doivent faire une pause conséquente entre 11h00 et 15h00 pour éviter les grosses chaleurs et laisser le temps aux animaux de boire et de manger.


Et puis à Beroroha, il y a un petit café, où il est possible de trouver des boissons fraîches. Allez, c'est moi qui offre la tournée de THB pour le groupe et les porteurs.
J'en profite aussi pour passer voir l'école sponsorisée par Evrard Wendenbaum, suite à ses multiples explorations scientifiques dans le Makay.



Le jour décline doucement dans une douce torpeur, il ne reste plus qu'à traverser le Mangoky pour rejoindre nos véhicules qui attendent de l'autre côté. Pour nous remercier de cet effort supplémentaire fourni pour rejoindre Beroroha, le soleil nous offre une explosion de couleurs. Un spectacle à la hauteur de ce trek dans le Makay.




Mais au fait, il est où ce bac ?
Il a été retrouvé, transporté à Ranohira, puis doit être acheminé vers Beroroha pour effectuer son service régulier. Le moteur n'a pas été retrouvé, mais les trois flotteurs qui le composent sont en bon état.
Petit souci, bien qu'acheminé par camion, il est bloqué sur la piste à quelques kilomètres de Ranohira. Cette piste n'est pas conçue pour ce genre de convoi, et puis le camion est en panne...Cela faisait déjà 11 jours qu'il était parti. Je n'ai aucun doute sur le fait qu'il va finir par atteindre son point de destination, mais comme on dit là-bas : Mora-Mora...



Pour retrouver une petite galerie sur le bac en question et Mangoky, c'est ICI.
En 2015, je vous réserve encore de nouvelles surprises dans le Makay...


Laurent