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Ladakh - Un jour...un col...une tempête

Traversée du Népal - Suivez les retours du Yéti...
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Ladakh - Un jour...un col...une tempête


Je vous avais promis la description d'une journée particulière lors de mon dernier voyage au Ladakh.
Vous allez découvrir, un passage épique, un col facile que la météo a rendu...moins facile.
Mais au final une journée qui restera dans les annales pour tout le groupe...allez, suivez-nous.


Ce soir, nous arrivons au pied du col de Tia la, un petit camp de base avant de franchir le second col de ce voyage.
Le soleil est au rendez-vous, c'en est fini du mauvais temps. La veille, les chevaux se sont échappés et sont retournés au dernier village traversé...10000 roupies de dégâts, ramenés à 4000. Ils ont brouté des pâturages qui étaient prévus pour l'hiver. Du futur fourrage a disparu dans des panses toujours avides de verdure...Il faut dire pour leur défense que la veille, ils ont traversé ces champs et qu'en soirée ils n'étaient qu'à une heure de ce repas de choix. Alors, mettez-vous à leur place, qu'auriez-vous fait ?

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Yes, une météo parfaite ce matin...



La nuit est parfaite, étoilée, claire, de bon augure pour demain. Réveil à 4h30 pour que les chevaux puissent franchir le col de Tia la avec une neige dure.
Du moins, ça c'était la théorie. Il nous a fallu 7h10 pour faire 400m de dénivelée et 3km de distance !!!
Départ matinal, le ciel semble tourné au bleu, puis tout se referme d'un seul coup. Mais pas encore de neige. Nous arrivons rapidement sur le glacier, la progression est rapide, les filles ont la pêche, mais le soleil nous a abandonné...c'est jour blanc, difficile de savoir si l'on monte ou l'on descend.
Direction le bord du glacier pour retrouver une progression qui semble plus aisée. Les chevaux qui apparaissent au loin, traversent, eux aussi, le glacier pour prendre ce bout de moraine, et grimpent dans le pierrier.

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Il est où ce col...

Nous allons au plus simple (me semble-t-il), vers le col. La neige cache les interstices entre les blocs, les chutes sont nombreuses, les tibias embrassent rapidement les bords acérés du granit...que du plaisir.
Tant bien que mal, nous atteignons le col. Drapeaux déposés, prières effectuées et les premiers flocons font leur apparition. Ils sont parfaits, une vraie leçon de choses.
Mais pas de chevaux...rien. Angoisse ? Non, juste de l'attente, même si je dois envisager tous les scenarii possibles.

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Allez, c'est tout droit, enfin presque...



Ils apparaissent enfin. La montée a été très difficile. Ils traversent bien souvent une couche de neige pas assez dure pour les soutenir. Mais pour l'instant rien de grave.

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Ils ne sont pas encore là...mais tout semble ok.

Tout le monde est à l’arrêt, les chevaliers (oui, je sais, ce n'est pas le bon terme, mais je n'ai pas trouvé l'équivalent à muletiers...) stoppent les chevaux et m’expliquent que c'est fini, qu'ils n'iront pas plus loin. La neige cache trop de trous, c'est " très-trop-hyper " dangereux pour leurs bêtes.
Je dois trouver une solution, faire demi-tour serait très long, et nous ne sommes pas dans la bonne vallée. Les bêtes ne sont bloquées qu'à quelques centaines de mètres du col, le renoncement est dans tous les esprits. Ce serait une première pour moi, la journée ne fait que commencer, il faut trouver une solution.

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Juste un petit, tout petit col...


Avec un cheval chargé, nous repérons un itinéraire dans les rochers, mais les 50 derniers mètres semblent impossibles à parcourir. La poisse !!!
On tasse, on brasse, on bouche...depuis quelque temps je ressemble à un kangourou qui saute sur place pour tasser cette foutue neige. Nous sommes tout de même à plus de 5400m. Je commence à fatiguer, ne pas trop le montrer et garder le moral. Ne rien lâcher, en tout cas pas avant d'avoir tout essayé.
Une tentative est faite avec un cheval non chargé. Si cette option est prise, il va falloir transporter à dos d'homme (et de femme) toute la logistique, la journée va être longue et épuisante.
La descente est, elle aussi, plâtrée, le chemin a disparu. Le horseman le plus ouvert à la discussion descend seul avec le premier cheval jusqu’au premier replat pour voir si cela passe...

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Descendre, il fait froid, beaucoup de vent...



Les autres chevaux rejoignent le point de dépose des bagages. La neige tombe en force et le vent se lève. Tout le monde est mis à contribution, c'est aussi cela les vacances en Himalaya ;-).
Je continue à faire le kangourou, je pense avoir l'air ridicule...
Nous tassons, tassons et tassons encore. Nous bouchons les derniers trous qui pourraient blesser les chevaux.
Le second horseman est beaucoup moins enthousiaste, doux euphémisme, une certaine tension s'installe entre nous deux. Gérer tout cela et continuer à tasser.
Le premier revient, le chemin est praticable, très bien. Notre tassage " de qualité " semble l'avoir rassuré, nous décidons donc de faire traverser les 50 derniers mètres aux chevaux chargés.
La tempête redouble d'intensité, il faut soulever les drapeaux à prières qui effraient les chevaux qui ont réussi à atteindre le col. La descente est raide, les chevaux sont chargés, mais ils descendent plutôt bien, en dehors de 2 ou 3 qui font demi-tour. Les remettre dans le bon sens et prier pour qu'ils ne paniquent pas...
Une prière, et c'est parti. Il faut avouer que c'est le bon lieu pour une petite prière, nous passons sous les drapeaux à notre tour et entamons la descente.

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L'équipe de choc...


Le fond du vallon est atteint sans problème, mais non sans tension. La forte luminosité nous oblige à porter des lunettes de soleil où viennent s'agglutiner et fondre les flocons, et à nouveau l'on n'y voit plus rien.
Sans lunette, les flocons arrivent à l'horizontale, directement dans la rétine...un vrai calvaire pour atteindre le camp qui n'est plus très loin. Il nous faudra encore 1h30 d’effort dans un blizzard particulièrement chargé en neige pour trouver un lieu de campement...
Les tentes sont montées, tout le monde est fatigué, épuisé, mais soulagé d’avoir osé et réussi le pari fou de passer ce col dans ces conditions.
Deux aides ont incité nos horsemen à couper le col :
  • Ils avaient encore des grains de blé consacrés par le Dalaï-Lama lors de son Kalachakra de juillet à Leh
  • Le protecteur qui surplombe le col est puissant et il nous surveillait du coin de l’œil..

Tout le monde va finir par oublier que nous avons fait le kangourou à 5400m, j’espère qu'il n'y a pas de photos...

La nuit va être réparatrice, en espérant un temps clément pour demain afin de profiter du panorama. Mais en attendant, ce soir, momo party pour tout le monde...


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Camp, repos, momo...

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Le mauvais temps nous a enfin laissé tranquille...


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Soleil pour tous...
J’attends vos inscriptions pour 2015...

Pour tous celles et ceux qui voudraient laisser des commentaires sur le fait que nous avons exploité ces pauvres bêtes, je tiens à préciser qu'il n'y a eu aucune blessure. Comme quoi la technique du kangourou n'est pas si mal.

Attention, je surveille, il y a une boucherie chevaline pas loin de chez moi...alors attention.


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Stéphanie 31 janvier 2015
Ah oui, quelle journée épique! On a souffert de ces conditions climatiques et plus encore...mais que de souvenirs!!
Ne serait-ce pas le fait de gagner une semaine de temps sur leur trajet retour qui aurait plutôt incité nos horsemen à passer dans la vallée suivante?
Bien que je ne néglige en rien la part accordée à leur croyance spirituelle ;)
Mais je dois dire que l'on est passé aussi et surtout...parce que tous, je pense, on te faisait confiance :) et avec raison !
C'est toujours une aventure de voyager avec toi, mais mesurée car tu es un guide de premier ordre.
En tout cas, c'est toi qui a fait que ce voyage au Ladakh fût une réussite. Et encore merci :))

Rép : merci à toi...
   
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