Trek corridor forestier (Madagascar) - Jour 6 Laurent

La brume matinale plonge le village dans une atmosphère fantomatique. Le soleil la dissout rapidement pour nous offrir un ciel bleu. Mais où disparaissent aussi vite tous ces nuages ?
Jour de marché à Ambohimia, tout le monde est sur le sentier, pour vendre ou pour acheter. Une vraie autoroute par rapport à hier.
Il faut traverser une grosse rivière, premier bain de pieds, rafraîchissant et il faut bien s’y habituer. A l’entrée du village, la seule partie plane non réservée à la culture est occupée par un terrain de foot. Des bidons jaunes et une population majoritairement masculine en squattent une bonne partie. C’est le lieu de vente du rhum, toujours en dehors du village. L’heure tournant, les esprits s’échauffent au rythme de l’absorption de ce breuvage, les rixes sont courantes.




Un petit raidillon et les greniers nous accueillent avant le centre du village. Une fois par semaine (le jeudi), tous les Tanales de la région migrent vers ce village pour y écouler un peu de récolte, des petits plats préparés (galettes de riz, poissons…). Un seul boucher qui débite à tour de bras cochons et zébus. La présence d’un grand nombre de vendeurs de matériel de première nécessité (habillement, casseroles, bassines…) plonge le marché dans une ambiance très colorée.  Une explosion de couleurs au cœur du village.












































De nouveaux chapeaux apparaissent, chaque région ayant le sien. Nous achetons du riz, des bananes, du cochon, une poule, des brèdes…
La première rivière sera notre pause de midi, pour un repas qui commence à se faire désirer. Bain et plat chaud au programme de cet arrêt, une pause qui est bien méritée en plein soleil.
Au moment de repartir, notre poule a disparu pendant que nous festoyons à l’ombre, quelqu’un l’a embarquée !!! A peine croyable…



Départ vers la forêt par une zone défrichée que l’on a laissée à l’abandon. C’est la guerre pour la végétation, tous les végétaux veulent une place au soleil. Un fouillis indescriptible  dans lequel il faut progresser. Enfin la forêt avec un petit panneau indiquant le début du parc, il faut le savoir.
C’est reparti pour des remontées et descentes abruptes entrecoupées de zones plates pour récupérer. Un arbre tombé à la saison des pluies et c’est un énorme mikado qu’il faut enjamber.
Une grimpette sévère nous propulse sur une crête puis un sommet, du moins cela y ressemble. Un couple nous rattrape tranquillement, alors que nous sommes en plein effort. Ils nous invitent pour ce soir à partager leur habitation. A suivre…
Et c’est reparti pour descendre dans le raide, couper de multiples rivières dans une verdure immaculée. Les lianes forment un réseau dense qui laisserait Tarzan dubitatif quant au choix…
Les sangsues ne sont pas en reste, c’est un vrai festival. Les sangsues attaquent par " en bas alors que l’on sue sang et haut "…





Les rivières se font plus larges à la sortie de la forêt. Il ne reste plus qu’à traverser ou à sauter d’un rocher à l’autre, dans un vrai spectacle d’équilibriste.
Quelques champs nous indiquent l’approche imminente du village. Mais la réalité est toute autre, il n’y en a pas. C’est un simple lieu-dit avec quelques habitations familiales éparses. Le couple qui nous avait invités nous attend. La maison fait 2m de côté, comment héberger tout le monde ? Sans nous, ils arrivent à loger  une famille de 6 personnes plus 1 poule qui couve et une 2de avec des poussins déjà grands. Un coin feu pour la cuisine et quelques grillons pour l’animation. 6 oui, mais seulement 4 en bas, car sur les 2m de haut, il y a un étage pour les enfants dans la zone la plus enfumée.
Ils décident d’habiter dans leur grenier à grains pour ce soir. L’équipe sera dans la maison, nous montons les tentes avant la nuit. Camp inespéré dans cet univers de verdure.
Le ciel est d’un bleu que je peux qualifier de bleu outremer - je n’ai aucune idée de ce que cela veut dire, mais c’est celui-ci qui me vient en tête - dont le noir aurait gagné en intensité.
Trêve de rêvasserie, il faut se changer un minimum, nous sommes trempés et il faut à nouveau se débarrasser des dernières sangsues.

Fin du jour 6... Jour 7

Laurent

Bonus :