Trek corridor forestier (Madagascar) - Jour 14 Laurent

On dirait qu'ça te gène de marcher dans la boue...(sur un air de M.Delpech)

La fête a duré jusqu’à ce que la ville coupe son générateur, allez tout le monde à la maison…
Saut spatio-temporel de 8km, nous empruntons une voiture pour parcourir un court bout de piste. Mais nous n’irons pas plus loin, l’ancienne piste de Vohipeo est tellement défoncée et les ponts ayant disparus, c’est tout ce qu’il est possible d’effectuer. Un ancien bac attend, échoué sur la rive opposée. Il ne bougera certainement plus avant un long moment.
Les piroguiers sont des femmes, les pirogues glissent-elles avec plus d’élégance ?



Nous sommes toujours aussi bas en altitude, les cultures sont en avance par rapport aux jours précédents. Le café arrive à maturité et commence à être récolté. Les zébus sont plus présents qu’avant et sont mis à contribution pour piétiner les futures rizières prêtes à recevoir le repiquage. Un gamin dirige avec plus ou moins de dextérité ses 2 bêtes. Couvert de boue, il ne ménage pas son énergie pour accomplir sa mission. Rien ne semble prêt à interrompre sa détermination.



Le paysage est vallonné et la progression aisée. Il y a beaucoup de monde sur les chemins en ce lendemain de fête. Certains semblent ne pas avoir encore récupéré. Alors que d’autres s’activent au séchage du riz ou ouvrent leurs " nanocommerces ".
La vallée s’ouvre, deux jeunes filles prélèvent le riz des pépinières pour aller le repiquer dans les rizières à nouveau mises en eau. Sourire toujours de rigueur…





2/3 traversées, de muret en muret et c’est l’erreur, je me retrouve dans la boue jusqu’à mi-cuisse. C’est déjà la seconde fois ;-). Les sandales font ventouse, tout le monde rigole en me voyant fournir un bel effort, moi le premier… vivement la pause de midi au bord de l’eau pour nettoyer tout cela.
L’habitude de la pause-café et des moafagasy (galette de riz) est tenace et il ne faut surtout pas s’en débarrasser… J’en profite pour observer les jacquiers (introduits d’Inde). Ce proche cousin de l’arbre à pain m’a toujours intrigué. Outre le fait que son fruit est énorme, il est accroché directement au tronc ou à de grosses branches. Peu de chance d’en trouver un de mûr en cette saison, mais il ne faut pas désespérer. Les zébus ont débusqué un jacque tombé au sol. C’est à celui qui en profitera le plus, le mieux est de rester à l’écart, les bêtes sont imposantes.

Les villages Tanales se sont modernisés, moins de bois et plus de tôles sur les toits. Pour le bois, je ne suis pas sûr que le torchis soit un réel choix dans cette région, la forêt a complètement disparu. Il faut bien trouver une solution de rechange. Par contre, les traditions ont la vie dure, il est appréciable de voir que le Tranobé est toujours construit selon les savoir-faire ancestraux, tout en bois sur pilotis.




Point de passage à la côte 260m, rien de particulier pour ce col, mais le panorama est tout simplement grandiose. Des arbres du voyageur sont visibles sur tous les coteaux et les sommets. Ils sont encore appréciés pour la toiture. La tôle est une évolution, mais après les cyclones et la période des pluies, elle vire vite à la couleur rouille avant de se disloquer.


Une dernière rivière à traverser, Manambondro, et le village pour ce soir apparaît. Les collines rondes et éparses ont laissé place à un relief plus tourmenté. Les mollets vont être à nouveau mis à contribution dans les jours qui viennent. Alors, autant profiter de cette rivière pour un bon bain frais.
Une corne de brume vient résonner dans la montagne. J’ai tout de même l’impression d’être un peu loin pour entendre un son incompatible avec ce lieu. De jeunes hommes portent un fardeau, il s’agit d’une oraison mortuaire. Le corps du défunt est déplacé de village en village au son de cette corne en guise d’annonce de leur passage. Ils boivent et se disputent le brancard dans une cohue colorée. Direction le village suivant…

Fin du jour 14... Jour 15

Laurent