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Accaparement des terres agricoles : un cas parmi d'autres, l'Éthiopie

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Accaparement des terres agricoles : un cas parmi d'autres, l'Éthiopie


Un article paru dans le Courrier International du 23 juin 2011 a fait remonter certains souvenirs liés aux thèmes de l'exploitation de terres arables par d'autres que le pays concerné.
Du nouveau dans ce cas précis: des universités qui n'ont strictement aucun lien avec le besoin de trouver des terres arables. Dans ce cas de figure, les universités telles que Harvard, Vanderbilt, entre autres, ne cherchent qu'à investir dans des fonds spéculatifs.

Mais qu'en est-il réellement ?

afrique.oakland.instituteL'enquête a été menée par l' Oakland Intitute. Elle a permis de faire le point sur ces nouvelles pratiques.

Auparavant, il avait été mis en avant le rôle de grandes entreprises moyen-orientales et chinoises qui accaparent de vastes terrains dans des pays en développement pour y installer des cultures destinées aux pays investisseurs ou pour circuler sur le marché mondial. Mais jamais pour le pays pourvoyeur de surfaces agraires.

Dans tous les cas, ces investissements entrainent une expulsion de milliers d'agriculteurs de leurs terres ancestrales pour les reloger dans de nouveaux centres administratifs.

D'agriculteurs indépendants, ils deviennent ouvriers au service d'une entreprise étrangère. Quand cette dernière ne fait pas venir ses propres ouvriers.



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Une terre fragile, qui ne convient pas à l'agriculture intensive

Obang Metho, du Mouvement de Solidarité pour une nouvelle Éthiopie, précise : "Ces accords, qui pour beaucoup resteront en vigueur pendant quatre-vingt-dix-neuf ans, n’apporteront pas le progrès aux populations locales et ne leur donneront pas de quoi manger. Ils permettent seulement aux dirigeants corrompus et aux investisseurs étrangers de s’en mettre plein les poches."


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Ce n'est ni plus ni moins que le sacrifice des petits fermiers et des forêts africaines sur l'autel du profit rentable. Les paysans ancestraux deviennent d'un seul coup des occupants illégitimes et de ce fait se situent sous la coupe d'une possible expropriation et bien entendu sans indemnisation...

Quand l'on sait que la majorité des pauvres de la planète dépendent de petites exploitations agricoles pour survivre, les voir se faire dépouiller par des spéculateurs sous la bannière du progrès et du développement est difficile à avaler. Cette couleuvre est vraiment trop grosse !

L'article du Courrier International fait suite à celui de la revue Diplomatique de Janvier-Février 2010 et son dossier " Décryptage : les prises de contrôle de terres cultivables dans le monde".

Récolte traditionnelle du Teff

Le journal The Guardian, en mars 2011 a abordé cette question sous la forme d'une enquête en Éthiopie. Elle conduit directement dans les alentours d'Awasa qui sera bientôt la plus grande serre de l’Éthiopie et l'une des plus grosses au monde. A l'origine de ce projet le Cheikh Mohammed al-Amoudi, l’un des 50 hommes les plus riches au monde.
Il prévoit l'emploi de plus de 10 000 personnes, les mêmes qu'il a réussi à exproprier. Ces derniers vont cultiver des denrées qui sont prévues pour être exportées vers l'extérieur, dans ce cas l'Arabie Saoudite.
Les paysans deviennent alors une main d’œuvre pour ces grandes sociétés.



En 2008, le gouvernement saoudien a annoncé , qu'il réduisait sa production intérieure de céréales au Moyen-Orient, pour conserver ainsi son eau. Alors que dans les accords passés avec l'état éthiopien, il est stipulé que ces grandes exploitations intensives n'avaient pas à payer l'eau. Il a été calculé que la ferme du Cheikh Mohammed al-Amoudi utilise autant d'eau que 100 000 éthiopiens. De 1 à 10€ l'hectare loué pour une année, il y a de gros bénéfices à " moissonner ".
Ce qui n'a pas échappé aux spéculateurs de tout poil.

En effet, quel bénéfice... modiques à l'achat, présentant un gros rendement, ces exploitations  intensives nécessitent une importante quantité de produits chimiques, pesticides, herbicides, engrais, utilisation intensive de l'eau, transport à grande échelle... tout cela en transformant les paysages en énorme plantation de mono-culture.
Ce sera finalement, aux termes du contrat, à l’Éthiopie (dans ce cas) de remettre en état ses parcelles de terres qui deviendront impropres à la culture après une exploitation intensive. Elle devra donc assumer les coûts de la restauration de ses sols, sans connaître à l'avance la durée requise pour un travail d'une telle ampleur.



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Encore propriétaire de son lopin de terre...

Dernier épisode en date: les agrocarburants. Ceux-ci sont conçus à partir de denrées alimentaires, qui feront hélas défaut aux pays dont on exploite le sol. En voie de développement, mais finalement privés de ressources agricoles, ces pays se retrouveront donc rapidement en lutte pour leur sécurité alimentaire face à des entreprises qui ont loué leurs terres pour 99 ans.

La Jatropha en est l'exemple même, plante considérée comme de " l'or vert ", elle produit une huile aux propriétés proches d'un liquide qui nous est précieux: le diesel.

L'organisation non gouvernementale GRAIN tente de recenser toutes les ramifications, mais se trouve confrontée à une opacité bien réelle. Pourquoi se cacher si l'on œuvre pour le bien de tous...thème présent dans tous les discours d'intention.

Jaon Baxter  dans son article " Ruée sur les terres africaines " du numéro de janvier 2010 du Monde Diplomatique dresse un constat de l'état d'avancement de ce nouvel eldorado.



Pas si simple de démêler cette nouvelle ingérence au cœur des pays en voie de développement, tant en Afrique, qu'en Amérique du Sud ou en Asie.

Mais la question se pose aussi chez nous lorsque l'on s’aperçoit que " le Prince Albert de Monaco reçoit une subvention de 253 986 € de Bruxelles pour son soutien aux cultures « propres » et aux pratiques en faveur de l’environnement. Il est propriétaire du domaine de Marchais, dans l’Aisne. (...)
Autre surprise, le volailler Doux qui est le Français le mieux subventionné par Bruxelles, avec près de 63 millions d’euros, présente la particularité de se développer en Amérique du Sud et de réduire ses emplois en France "... Dixit l’Observatoire des subventions.

Pour poursuivre l’exploration de ce nouveau dossier:

Un livre
pressions.sur.les.terres.devenir.des.agricultures.paysannes











Une vidéo

Le bradage des terres arables en Éthiopie par Nzwamba



Laurent
 
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1 items   page 1/1
 
Laurence 20 novembre 2013
Merci Laurent pour cet article /information qui m'avait échappée...

C'est malheureusement déprimant de voir que la cupidité des dirigeants n'a aucune limite!
   
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