Mustang (Népal) - quel avenir pour le trek ?

Le Mustang cher à Peissel a bien changé, il faut l'avouer.
Ce petit royaume qui fut longtemps isolé s'est fait rattraper par la frénésie générale.
Bien entendu, il n'est pas concevable de laisser tous les villages d'altitude comme au premier jour. La vie progresse et les pistes viennent désenclaver les habitants les plus isolés.

Mais... parce qu'il y a un Mais.

La vallée de la Kali Gandaki est large une fois rejoint le Haut-Mustang. Nos amis ingénieurs civils ont eu une idée de génie. Pour construire les pistes, pourquoi ne pas reprendre le tracé des sentiers, plus simple, non ?

Les sédiments marins sont très faciles à travailler, alors ces voies d’accès apparaissent rapidement. Puis, quelque temps après, pour une raison que j'ignore, on en reconstruit une nouvelle juste à côté, parfois à moins de 100m. Détruisant ainsi toute possibilité de randonner tranquillement.

La première piste est abandonnée, massacrant ainsi le paysage grandiose de ce paradis pour trekkeurs.

Il aurait été tout à fait faisable de penser à l’intérêt des deux parties. Mais non, d'abord les véhicules.

Vous vous retrouvez dès lors avec énormément de voitures, avec beaucoup de touristes qui ne visitent que partiellement le Mustang.

D'abord Jomsom, puis un ou deux arrêts avant de rejoindre Lo Manthang et retour à Katmandou. Les tours opérateurs locaux ont bien compris l’intérêt de ces nouveaux réseaux routiers.

40000 visiteurs indiens pour Muktinath contre 2000 trekkeurs...

Il est offert la possibilité de faire une " expédition " en moto pour rejoindre Lo Manthang, le GROS exploit...

Donc, pour les trekkeurs, certaines parties sont tout simplement difficilement praticables. En dehors d'un manque d’intérêt, le moindre souffle d'air soulève une poussière incroyable. Et dans cette région ce n'est pas le vent qui manque...

Mais ces pistes n'impactent pas seulement les trekkeurs.

En effet, ceux-ci diminuant pour cause d’impraticabilité du terrain, les nombreuses guest-houses souffrent elles aussi.

La piste ne développe que les extrémités et les quelques lieux remarquables pour une visite éclair. La voiture abandonne les petits villages qui avaient su trouver un équilibre entre culture, pastoralisme et tourisme.

Le dernier acte se jouera lorsque la frontière avec le Tibet s'ouvrira. Les camions pourront alors déferler avec toutes les chinoiseries possibles et imaginables.
Ce jour-là, j'espère avoir eu le temps de trouver une alternative au Mustang, mais ce n'est pas gagné, cette région est si particulière...

Je ne plaide pas pour laisser ces peuples dans un dénuement total nous permettant ainsi de ramener des images " authentiques ", loin de là.

Je trouve simplement que détruire une partie du potentiel touristique pour permettre aux personnes pressées ou sans goût pour l’effort de rejoindre Lo Manthang est un peu triste.

Dans la vie, il y a des choses qui se méritent, Le Mustang en faisait partie.

Mettre 4 jours depuis Pokhara pour venir faire un selfie devant un monastère me sidère.

J'ai l'impression d'avoir loupé un virage et d'être hors du temps...

Je ne dois pas être le seul.

Les Sherpas du Khumbu refusent toujours la construction d'une route qui rejoindrait Lukla et partirait à l’assaut du camp de base de l'Everest vers le Nord et de Chukung vers l'Est.

C'est un choix délibéré permettant ainsi à chacun de vivre pleinement du tourisme.

Jusqu'à quand ?

Mais... parce qu'il y a un second Mais.

Il est possible de contourner ces difficultés de découvrir le Mustang par ses plus beaux sentiers. Il faut donc oublier les chemins principaux et s'aventurer sur les sentes utilisées par les bergers.

Ne pas avoir peur d’ouvrir les nouvelles cartes mises à disposition pour chercher tout ce qui est exploitable pour rejoindre Lo Manthang.

Puis, il y a une seconde partie qui se décale vers l'Est et le col Saribung pour rejoindre le chaînon manquant. Itinéraire cher à Paulo Grobel et Pierre Martin.

Je vous le détaille d'ici peu...

A bientôt

PS : aucune photo de pistes, voitures ou motos ?

Non, je l'avoue, ça me déprime...