Boire et déboires en terre d'abstinence - Lawrence Osborne

C’est le défi insolite que se lance Lawrence Osborne.

Alors, où s’enivrer sans la bénédiction d’Allah ?

À Mascate, un soir de Nouvel An, Lawrence Osborne et sa petite amie ont dû se contenter de jus de fruits. Là-bas, après douze heures de régime sec forcé, le narrateur se voit " redescendre lentement sur terre, comme une plume ". Ailleurs, on peut toujours se faire servir un verre, y compris à Islamabad ( la brasserie Muree fabrique et vend des bières et des spiritueux depuis 1860 ). Même s’il n’y a que trois bars en exercice dans la capitale qui compte un million d’habitants, l’auteur y rencontre le directeur d’une brasserie de bière toujours en activité.
Lawrence Osborne nous sert de guide d’un pays à l’autre pour enfin revenir à la source, l’Écosse, La Mecque du scotch. Au fil de son errance, il confesse son état constant d’ébriété. On apprend beaucoup de la part d’un homme qui enquête sur lui-même en parcourant le globe pour étancher sa soif. Ce livre apparaît comme une réflexion fébrile légèrement titubante, pimentée d’ironie et d’autodérision.

On peut y entrevoir un petit monde islamique s’arsouillant en cachette au point que toute désintoxication pour un Occidental aventureux s’avère impossible, même là-bas. La littérature à haut degré d’alcool avait déjà un chef-d’œuvre avec " Au-dessous du volcan " de Malcolm Lowry. Si le livre de Lawrence Osborne n’a pas la même puissance, il ne manque pas d’explorer, au terme d’une provocation inouïe, un territoire inconnu.